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CFE CGC UNION LOCALE DU HAVRE
11 décembre 2010

la descente aux enfers de l'industriel suisse Citron au Havre

AFP

Installations stoppées pour cause de risques, dirigeants mis en examen et enfin liquidation judiciaire: l'entreprise suisse Citron, qui se faisait fort de recycler, avec un procédé innovant, les déchets spéciaux près du Havre s'est effondrée en quelques semaines.

AFP - le 11 décembre 2010, 20h13

Installations stoppées pour cause de risques, dirigeants mis en examen et enfin liquidation judiciaire: l'entreprise suisse Citron, qui se faisait fort de recycler, avec un procédé innovant, les déchets spéciaux près du Havre s'est effondrée en quelques semaines.

Samedi matin, l'usine Citron faisait triste mine sur la zone industrielle du port du Havre, avec ses hangars rouillés et ses tas noirs de résidus à l'air libre. A l'intérieur, plus âme qui vive: les salariés n'ont plus le droit de pénétrer sur le site depuis vendredi pour des raisons sanitaires, sur décision du tribunal de commerce du Havre.

La descente aux enfers de cette entreprise, dont il n'a pas été possible de joindre les dirigeants, a été brutale. A la mi-août, elle fait l'objet d'un arrêté de consignation de 3,4 millions d'euros faute d'avoir évacué des terres polluées stockées illégalement, selon la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) de Haute-Normandie.

Elle ne s'acquitte pas de cette somme qui s'ajoute à des charges sociales impayées et, fin septembre, elle est placée en redressement judiciaire. A la mi-octobre, un incendie se déclare dans un bâtiment et le préfet de Seine-Maritime ordonne l'arrêt des installations. A l'issue de leur enquête, les gendarmes concluent que l'entreprise présente "un risque potentiel très important pour l'environnement et pour la santé publique".

Les évènements vont alors se précipiter. Jeudi, trois de ses dirigeants sont placés en garde à vue. Le lendemain, deux d'entre-eux dont le PDG suisse, Mickaël Brüggler, 43 ans, sont mis en examen notamment pour mise en danger de la vie d'autrui et placés sous contrôle judiciaire.

Pratiquement au même moment, le tribunal de commerce prononce la liquidation de l'entreprise, laissant le personnel plein d'amertume. "J'ai un très fort sentiment de dégoût à l'idée que 110 salariés vont se retrouver au chômage à la veille de Noël", déplore Thierry Coesme, délégué CFE-CGC.

Cet épilogue n'a pas vraiment surpris au Havre où Citron a défrayé la chronique pour des incendies à répétition et de multiples manquements à la réglementation. Pourtant, à son arrivée en 1999, cet industriel suisse basé à Zurich avait été accueilli à bras ouvert car il devait contribuer à compenser la fermeture d'une importante usine Alstom.

Son ambition était de recycler les déchets "spéciaux" comme les piles usagées, les sources lumineuses, les cendres de fumées d'incinération ou encore les résidus de broyage d'automobiles. Il avait mis en oeuvre au Havre un procédé innovant basé sur un four à sole tournante permettant d'extraire et valoriser les métaux présents dans les déchets.

Dès 2000, les écologistes de Robin des Bois avaient dénoncé le fonctionnement de cette usine en mettant en doute la "faisabilité" du procédé utilisé. Aujourd'hui, Thierry Coesme veut encore y croire: "J'y ai laissé de la sueur et du sang, j'ai sacrifié des nuits et des vacances, et je continue de penser qu'il s'agit d'un outil fonctionnel et rentable à condition qu'il soit bien managé", dit-il.

Un mince espoir subsistait d'une reprise du site après liquidation par un industriel du secteur à la surface financière plus large que Citron. Mais tous les salariés avaient conscience que cette hypothétique reprise ne se ferait pas sans casse sociale.

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